
Il y a deux ans, le 24 avril 2016, Kinshasa s’est réveillée incrédule. Papa Wemba, le chanteur à succès qui aura marqué plusieurs générations décédait ce dimanche matin-là dans une clinique d’Abidjan après un malaise sur la scène du festival de musique urbaine Anoumabo (Femua).
Prise dans un premier temps comme une rumeur, la nouvelle sera rapidement confirmée. Dans l’univers musical congolais, le temps semblait s’arrêter. Puisque rien en apparence ne présageait d’une fin aussi brutale pour l’une de plus grandes idoles de la musique congolaise moderne.
La veille du concert en effet, rien dans le comportement de l’artiste ne trahissait de son départ de la terre des hommes. « Papa Wemba était en forme. Il avait même fait des pompes à quelques heures de notre prestation. Sur la scène, il débordait d’énergie plus que nous tous », témoignera quelques jours après le décès de la star, Bénédicte Tshoutsha, danseuse de Viva La Musica, le mythique groupe musical créé par Papa Wemba quatre décennies plus tôt.
Ce dimanche-là, Papa Wemba laisse son groupe exécutait les trois premières chansons. Il est presque 4 heures du matin lorsqu’il monte sur la scène entonner « Est-ce que», un titre de son album Nouvelle Ecriture dans L’ sorti en 1998. Fait rarissime dans ses prestations scéniques, Papa Wemba chante faux, crie presque et semble s’essouffler. Lorsqu’arrive le moment de la partie dansante de la chanson, il se place en retrait derrière le groupe laissant le devant de la scène à ses danseuses. C’est alors que l’irréparable va se produire. La star va s’écrouler de tout son long sur son dos. Autour de lui, ses musiciens ont tout le mal du monde à poser dans l’immédiat les bons gestes de secours. Transporté à l’hôpital, il rendra l’âme quelque temps plus tard mettant tragiquement fin à une carrière de près d’un demi-siècle.
Longtemps considéré par beaucoup comme le Johnny Hallyday congolais, Papa Wemba aura marqué plusieurs générations par sa voix et sa technique de chant uniques, son charisme et surtout son influence sur la jeunesse. Au soir de sa carrière, il se rend de plus en plus disponible pour des collaborations avec les jeunes après en avoir réalisé d’excellentes comme avec le britannique Peter Gabriel, qui va l’intégrer dans sa tournée. Et lancer véritablement la carrière internationale de Papa Wemba. C’est d’ailleurs à cette époque qu’il se rapproche de Lokwa Kanza qui va arranger son album « Show Me The Way » en 1995, un pur délice de la musique congolaise.
Avec Koffi Olomide, Papa Wemba réalise « Wake Up » en 1996, l’un de meilleurs albums congolais de la décennie 90 mais jamais promu à la suite des relations aigres-douces que les deux artistes auront entretenu toute leur vie.

Papa Wemba aura finalement été « ce modèle d’un battant, un autodidacte sorti du néant. On peut même dire comme il aimait le faire savoir lui-même, c’était un paysan, un villageois qui débarque un matin à Kinshasa et qui au fil des ans réussit à imposer son nom et à inscrire sa carrière dans l’histoire de la musique congolaise », résume Manda Tchebwa (célèbre chroniqueur de la musique sur la télévision publique congolaise a la fin des années 80 et début 90) auteur de « Terre de la chanson: La musique zaïroise hier et aujourd’hui » paru en 1996 aux éditions Duculot.